Retourner au "ski" ? Mission impossible
- Vérane
- 1 mars 2018
- 3 min de lecture
Faire du ski est une des choses que j'aimais le plus en hiver. L'idée de ne plus skier était un deuil supplémentaire à faire... et je ne pouvais m'y résoudre sans avoir "essayé".
Avant de faire une croix dessus purement et simplement, j'ai réfléchi à ce que j'aimais dans le ski et j'ai réalisé que le séjour au ski était tout un ensemble de choses qui allait au delà du fait même de skier : La beauté des montagnes enneigées, la sensation de vitesse, le plaisir de la glisse à partager en famille ou amis, le sentiment d'être douée pour quelque chose, les remontées en téléski où j'enlevais mes lunettes pour "cultiver" mes tâches de rousseurs, les arrêts ski-bar sur une chaise longue, les jambes qui brûlent et les fessiers qui se galbent, les goûters avec des crêpes, les soirées de jeu de cartes.
Je suis arrivée à la conclusion qu'aller à la montagne, seulement pour revoir la neige et boire un verre en terrasse au soleil serait déjà un bonheur et ça ne demanderait pas d'effort physique. Par contre, je redoutais un ennemi tout aussi féroce, l'altitude.
Essai n°1 :

Un jour de beau temps, je suis partie seule avec mon concentrateur sur le dos (+ batterie supplémentaire + chargeur) et je suis allée à Ax Les Thermes dans les Pyrénées.J'ai pris le train pour moins me fatiguer mais j'étais chargée et à 700 m je ressentais déjà les effets du manque d'oxygène, ça s'engageait mal. J'ai ralenti le rythme et je suis arrivée aux "œufs" avec le sourire. De la cabine le panorama était superbe. Je voyais les sommets enneigés que j'aimais tant. Par contre, la vitesse du télécabine était rapide, je sentais la pression dans mes oreilles comme tout le monde mais aussi dans mes poumons. Je n'avais jamais éprouvé ça auparavant, ça m'inquiétait.
Arrivée en haut, le moindre pas était difficile. Je n'ai donc pas tergiversé 1000 ans et je me suis assise à la 1ère terrasse qui me semblait bien située (mauvais choix, c'était dégueulasse). Mais le pari était réussi, le soleil était là, la vue sur la montagne aussi et je profitais de la terrasse. Je sourirais toute seule, mon cœur se nourrissait de cet instant encore impensable une semaine plutôt. Après le déjeuner, je suis allée prendre quelques renseignements à l'ESF sur le handiski pour savoir s'il existait une solution pour que j'enfile des chaussures de ski à nouveau. La solution était de faire un cours avec un moniteur de l'ESF en fauteuil "skiant". Ce n'était pas idéal pour quelqu'un qui était sur les pistes 2 ans auparavant mais j'entendais déjà le bruit des skis qui glissaient sur la neige... C'était une solution, c'était déjà un espoir.

Ensuite, j'ai décidé d'aller faire un petit tour dans cette mini station... Malgré le concentrateur à fond, ma saturation déjà faible est descendue en flèche et n'avait jamais été si basse (69%) . Mon cœur tapait si fort que je me suis assise dans la neige quelques instants. J'en ai profité pour prendre cette photo, et regarder les sommets enneigés avant de regagner une chaise longue d'un bar qui passait de la (bonne) musique. J'ai vécu un très bon moment, il faisait beau, je n'avais pas froid, ma saturation s'était stabilisée autour des 90%, j'ai mangé une crêpe et je regardais les skieurs qui dévalaient les pistes et qui s'engouffraient dans le télécabine pour remonter puis redescendre dans un ballet incessant. Cela semblait si facile pour eux, ils skiaient comme si de rien n'était. Ils pouvaient pas s'imaginer qu'à 50 mètres ces œufs qui montaient à 2000 m était une mission impossible pour quelqu'un. Je devais me résoudre au fait que malgré mon enthousiasme, je ne skierais probablement plus jamais. Cela m'a rendue très triste mais la journée était malgré tout une victoire : j'étais allée en montagne, j'avais vu la neige, j'avais profité du soleil et j'avais mangé une crêpe en terrasse. Mes objectifs étaient atteints mais j'avais physiquement souffert, ce n'était donc pas une réussite. Avec le recul cette hypoxie sévère me faisait peur et je ne voulais même plus ré-essayer d'aller en montagne jusqu'à ce que je reçoive un message d'une amie...
Les raisons de l'échec:
- montée trop rapide sans palier d'acclimatation
- altitude trop importante (1400 m)
- mauvaises conditions : trop couverte / trop chargée / seule / 1er retour en montagne
- concentrateur d'air pas suffisant pour me suppléer correctement en oxygène à cette altitude
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