Comment je suis finalement arrivée à refaire du ski
- Vérane
- 7 mars 2018
- 4 min de lecture
Comme je vous le disais dans mon article précédent, le bilan de mon 1er retour en montagne post diagnostic était mitigé. J'avais profité de la neige et du soleil mais chaque effort m'avait beaucoup trop coûté. Impossible de refaire du ski dans ces conditions, seul du ski en fauteuil avec un moniteur de l'ESF paraissait être éventuellement envisageable pour la suite et je me disais que ce n'était déjà pas si mal.
Quelques jours après mon excursion, une de mes amies proches a proposé un week-end au ski. Au départ je me suis demandée si elle avait bien conscience des (gros) compromis que ça engendrerait. J'en mourrais d'envie mais je n'étais pas sure de pouvoir physiquement et je n'avais pas envie d'imposer mes restrictions à tout le monde. Sa réponse a été sans appel : "C'est évident, si tu viens on fait en fonction, c'est tout, t'es lourde à la fin !"
Les contraintes principales étaient les suivantes : pouvoir se faire livrer de l'oxygène liquide et ne pas dépasser 1000 m. On est donc parti à la recherche de la station de ski la plus basse possible.
Je vous conseille ce site internet qui m'a bien aidé pour comparer les altitudes des stations https://www.skiinfo.fr/france/statistiques.html
Notre choix s'est porté sur Villard-de-Lans, une petite station familiale dans les Alpes du Sud à 1050 m d'altitude. Nous avons réservé un hôtel pour que ça soit plus pratique pour se faire livrer l'oxygène liquide et j'ai pris RDV pour la livraison de la cuve 10 jours avant mon séjour.
Comme je n'allais pas skier, j'avais prévu de prêter mes skis à une copine mais au moment de monter dans la voiture, je n'ai pas pu m'empêcher de mettre mes chaussures de ski dans le coffre : Et si je pouvais en faire, ne serait-ce qu'une descente ?
Nous avons fait un 1er stop à Choranche dans un petit resto à 500m d'altitude (très bon), ça me laissait le temps de m'acclimater un peu puis on a continué notre ascension tranquillement jusqu'à la station à 1000 m. J'ai pris le temps de bien remplir et vider mes poumons à chaque fois que je sentais la pression monter et nous avons découvert là-haut un beau ciel bleu.
Ma cuve avait été livrée et on voyait par la fenêtre de la chambre qu'il y avait un tapis mécanique pour remonter de la piste de luge. Génial ! Je pourrais au moins faire de la luge sans me fatiguer, ça s'engageait plutôt bien. Le handski par contre était complet pour ce week-end de vacances scolaires;
A 1000 m, avec l'oxygène liquide à 4L/min (au lieu de 2L), j'arrivais à maintenir mon niveau de saturation habituel et je me sentais plutôt bien, rien à voir avec la 1ère fois. En visitant la station, nous avons découvert un espace de ski débutant à 1100 m - 1200 m, il y avait 2 téléskis et 2 pistes vertes. La solution était là ! J'en étais sûre, à cette altitude et avec ce niveau de difficulté, je pouvais le faire. Après tout, le ski, ce n'était que de la descente. Rien de plus. Si je n'y arrivais pas je n'aurais qu'à me laisser glisser jusqu'en bas, mon niveau de ski me permettait de descendre tout droit s'il le fallait.
Le lendemain on a pris la direction de cet espace débutant et les grands skieurs de la bande sont restés avec nous pour m'encourager. J'ai mis mon compagnon dans le sac à dos et j'ai enfilé les chaussures, c'était difficile mais ça l'avait toujours été, avec ou sans oxygène, quelle plaie ce truc ! Une amie m'a prêté ses skis tout neufs, tout légers. Et là, hop j'ai glissé vers le téléski. Ils glissaient tout seuls, sans forcer.
La joie ressentie valait tous les compromis du monde, j'avais le soleil en face, j'ai retiré mes lunettes et j'ai cultivé mes tâches de rousseurs comme avant (même si elles ont pour la plupart disparu avec l'âge ;)). Arrivée en haut, nous avons immortalisé ce moment qui s'annonçait inoubliable et je me suis lancée avec l'oxygène à 6/min.

J'y suis d'abord allée doucement en faisant de grands virages pour ne pas stimuler mon système cardio-pulmonaire trop violemment et puis j'ai senti que je pouvais, je pouvais skier comme avant, alors je l'ai fait. J'ai skié comme je savais le faire : parallèle, assez vite, en essayant de godiller. De loin, personne n'aurait pu déceler mon handicap et imaginer l'exploit que j'étais en train de réaliser.. J'ai pu faire 3 descentes puis j'ai dû me reposer. Je me suis couchée sur la luge en attendant que me remettre. La maladie était là mais je l'avais apprivoisée. Je suis donc repartie pour 2 descentes supplémentaires. Un pur bonheur. Ce n'était pas des pistes noires bien sûr, mais les sensations étaient là. J'étais heureuse, comme avant, sinon plus car je rendais l'impossible possible et ça n'avait pas de prix.

J'étais épuisée en rentrant à l'hôtel, je me suis couchée 30 min sous un tas de couvertures puis je suis allée barboter dans la piscine chauffée pendant 1h pour me réchauffer et récupérer et ça a été. Je me suis remise assez rapidement de cet exploit pour lequel ma saturation s'est maintenue autour des 81-86%, soit un niveau équivalent à mon test de marche. C'est en dessous des niveaux recommandés (92%), mais c'est un niveau avec lequel je flirte assez régulièrement à chaque effort "intense" et ce, malgré l'oxygène.
La morale de cette histoire, c'est qu'il ne faut pas abandonner ses rêves. Il faut trouver le moyen de les réaliser malgré les compromis, malgré l'organisation, malgré la fatigue et sans se mettre en danger. Bien sûr c'est BEAUCOUP plus facile si on est 100% valide mais ce que ça m'a coûté n'est rien comparé à ce que ça m'a apporté. Je pense qu'il y a toujours une solution, si on est prêt à en payer le prix (et je ne parle pas d'argent, je n'ai même pas payé le forfait.. ;) )
PS: parlez-en à votre médecin avant de faire ce genre d'expérience
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